
Un appartement communautaire soviétique, quelque part en 1938. Canapés défoncés, vaisselle entassée, tentures fanées. Et voilà que ce type – Blinov – qui, tout à l’heure, sur l’écran de cinéma, expliquait : « Camarades ! Si votre travail n’aboutit pas à une vérité scientifique, alors il doit être sanctionné par la loi martiale », m’assène autour d’un énième verre de vodka (vodka-citron, vodka-raifort, vodka-pomme de terre) : « Tes données, ce que tu as enregistré tout à l’heure, détruites ? Ha ha ha ! Aucune donnée n’est jamais détruite. Jamais ! » Blinov est un scientifique et aussi un hackeur, m’explique-t-il. Et un des piliers de DAU (prononcer DAO). Il ne doit pas être loin de minuit. J’ai perdu le fil du temps depuis que j’ai laissé ce matin mon téléphone à la consigne obligatoire, à l’entrée du théâtre.